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Mais êtes-vous bien décidé à nous escorter ? Felipone dit qu’infailliblement nous rencontrerons au moins quelques gens armés avant de gagner les taillis qui conduisent à Tusculum, et il fait un clair de lune désespérant. Il nous faudra passer au milieu de l’ennemi, coûte que coûte…

— C’est pour cela que, pouvant vous être utile, moi qui vous| dois la liberté, et peut-être la vie, je suis très décidé à vous escorter, que vous le désiriez ou non.

— Mais il y a pour vous un autre péril à prévoir. Il vous faudra revenir et rentrer ici. Felipone répond de vous ramener sans encombre à votre gîte ; mais je crains, moi…

— Mais alors ceci regarde Felipone et non Votre Excellence. Il est inutile qu’elle s’en préoccupe. J’irai seulement reconduire au casino ce pauvre diable de Tartaglia, à qui je rendrai la liberté quand vous serez partis, puisque sa présence autour de vous cause quelque inquiétude.

— Oui, je l’avoue, je ne saurais partager votre confiance. Qu’il vous soit attaché, c’est possible, mais il n’a pas de raisons pour ne pas nous glisser entre les jambes et aller avertir l’ennemi de nous poursuivre. Il aurait même de fort bonnes raisons pour le faire ; d’abord la récompense attachée à notre capture, ensuite le plaisir de se venger de la triste figure qu’il fait en ce moment parmi nous.

— Pourtant, le danger auquel il m’exposerait moi-même en vous trahissant, serait une garantie de sa fidélité. Mais je n’insiste pas, car, après tout, il n’est pas de ceux dont on peut répondre sur son propre honneur. Ainsi, je vais le conduire au casino ?

— Non pas ! Du casino, il pourrait avertir ceux qui nous gardent.

— Il est brouillé avec la police, qu’il a mal servie en me servant trop bien !

— Oh ! alors, raison de plus pour lui de rentrer dans ses