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gnie, l’heure de minuit, préférable à toute autre pour les gens qui ont, comme nous, quelque démêlé avec la police locale. Mon ami, ajouta-t-il en s’adressant à Tartaglia, qui me suivait comme un chien, allez trouver mes gens il leur est enjoint d’avoir grand soin de vous.

Mossiou ! mossiou ! me dit Tartaglia en me retenant par mon vêtement, n’acceptez pas ce dîner, ne parlez pas à cet homme-là. Je le connais, moi ! c’est le prince de…

Celui qu’on appelait le docteur me prit par le bras, comme pour m’encourager à suivre le prince qui nous ouvrait la marche. Tartaglia, passant de l’autre côté, me dit à l’oreille :

— Ceci gâte notre affaire et nous compromet ! Nous voici affiliés à…

— Eh bien, venez-vous ! dit le docteur, qui me supposait intimidé. Ne craignez pas de parler au prince : c’est le plus aimable homme du monde.

— Je le vois bien, répondis-je ; mais permettez-moi de dire un mot à mon compagnon d’aventures.

— Ah ! pardon ! faites.

Je fis deux pas en arrière avec Tartaglia. Il voulait parler, je l’en empêchai.

— Il ne s’agit pas de m’apprendre avec qui je me trouve : on va certainement me le dire. D’ailleurs, ce mystère m’amuse. Mais toi, tu es libre, on te l’a dit. Si tu veux fuir…

— Seul et à jeun, mossiou ? Oh ! non certes ! Nous voilà chez le diable, je veux tâter de son ordinaire.

— Mais, si tu étais mon ami, comme tu le prétends, tu irais d’abord flairer ce passage souterrain, et tu viendrais à bout d’aller dire à la villa Taverna que…

— Je suis votre ami, répondit-il et je vas tâcher de faire savoir à la Daniella que nous fuyons cette nuit.

— Non pas ! non pas ! Dis-lui que je veux partir, mais