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hâta de me dire qu’il n’était pas mon hôte, mais un ami du prince ; et qu’il allait me conduire au salon.

Ce salon, vous le connaissez déjà. C’était l’espace compris entre le sofa, les fauteuils, le pianino, la fontaine et le brasero.

Mon guide, dont la figure me tourmentait d’une vive réminiscence, et devant lequel les valets se rangèrent en l’appelant signor dottore, me demanda gaiement pardon de me faire passer par la cuisine, par l’écurie et par l’office.

— La maison du prince est si mal distribuée, dit-il en riant, qu’il n’y a pas d’autre entrée ; mais ce qui corrige cet inconvénient, ajouta-t-il d’un air expressif, en s’arrêtant au centre de l’édifice et en me montrant l’escalier qui descendait à l’arcade fermée seulement par un tas de paille, c’est qu’il y a une sortie !




XXXVI


Comme preuve de cette assertion, un palefrenier entrait, en cet instant, en écartant la clôture de fourrage, et apportait de l’avoine aux chevaux installés dans le péristyle au bas de l’escalier. J’allais exprimer l’agréable surprise que me causait cette révélation, lorsque le prince en personne, descendant les deux marches de son sanctuaire, vint au devant de moi. — Vous le voyez, monsieur, me dit-il, vous êtes libre et, si vous avez une grande impatience de prendre la clef des champs, je ne vous retiens pas ici malgré vous ; mais, comme je me dispose moi-même au départ (vous voyez mes chevaux), j’ai pensé qu’il vous serait agréable de dîner d’abord et d’attendre, en bonne compa-