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main, et s’empressa de tourner le demi-cylindre, où Tartaglia parut à son tour en battant des mains et faisant des cris d’admiration. Il était dans la fameuse cuisine gigantesque de Mondragone, dans la cuisine de ses rêves, dans la Befana.

Je vais vous décrire ce local peut-être unique au monde, surtout dans les circonstances où il se présentait à mes regards, et vous le dépeindre comme si, du premier coup d’œil, j’avais pu me rendre compte des détails que j’eus le loisir d’examiner peu à peu.

C’est une salle voûtée divisée en trois compartiments, par deux rangées de piliers massifs quadrangulaires. Cela ressemble à une église souterraine, et c’est aussi grand. Un des côtés, que l’on pourrait appeler des nefs, a fléchi, mais paraît assez solidement étayé : c’est celui qui avoisine le Pianto et probablement l’écroulement de la galerie que j’ai découverte avec Tartaglia, car l’eau que nous avions rencontrée pénètre dans cette nef et y forme un beau réservoir au ras du pavé. Cette eau courante le traverse, bouillonne parmi les fragments de ruine, et s’enfuit dans un enfoncement sombre avec un bruit mystérieux.

C’est dans l’autre nef latérale que fonctionnaient, en ce moment, deux des quatre cheminées monumentales dont nous avions vu la fumée passer sur la petite terrasse du casino. Les réjouissantes odeurs dont Tartaglia s’était délecté se trouvaient justifiées par des préparatifs assez confortables. Outre le marmiton qui venait de m’accueillir, un grand cuisinier à barbe noire, majestueux comme le roi des enfers en personne, s’agitait lentement autour des fourneaux, et surveillait une douzaine de casseroles de très-bonne mine.

Aucune espèce de porte, aucune croisée apparente ne trahit l’existence de cet immense local, suffisamment chauffé