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hésiter, et en retenant une intention gaie ou moqueuse, sons l’air respectueux d’un valet bien stylé.

— Belle réponse ! s’écria Tartaglia. Cela ne nous apprend rien ! Moi qui connais la noblesse d’Italie, je vous jure, mossiou, que je n’ai jamais entendu parler d’un prince de Mondragone !

— Monsieur veut-il faire réponse au prince ? reprit le groom sans se déconcerter.

Je crus devoir montrer le même sang-froid et prendre cette fantasmagorie comme une chose toute naturelle.

— Dites à votre maître que j’irais bien volontiers si j’avais un habit ; mais…

— Oh ! ça ne fait rien, monsieur ! Il n’y a que des hommes. D’ailleurs, on sait bien que vous êtes en voyage.

— Il appelle ça être en voyage ! dit Tartaglia d’un ton piteux ; mais suis-je invité aussi, moi ? car du diable si je reste seul !…

— Moi, je vous invite, répondit le groom ; il y a repas et soirée aussi à l’office.

— Mais…, reprit Tartaglia singeant ma réponse, c’est que je ne suis pas en livrée !

— Ça ne fait rien, vous êtes aussi en voyage !

— Oui, oui, en voyage ! Je ne m’en souvenais plus !

— Et à quelle heure cette soirée ? demandai-je.

— Tout de suite, monsieur ; on n’attend plus que vous.

— Ah ! on m’attendait ? Fort bien ! Et où demeure le prince, s’il vous plaît ?

— Sous le terrazzone, monsieur.

— Je le sais bien ; mais par où y va-t-on d’ici ?

— Si vous voulez bien me suivre…, dit l’enfant en ramassant une petite lanterne sourde qu’il avait déposée au seuil de la chapelle.