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chère, et belle musique au dessert ! Et ils ne se doutent pas qu’ils ont des carabiniers sur la tête !

— Cela, nous n’en savons rien ; mais nous savons que, tout à l’heure, les carabiniers ne se doutaient pas qu’ils eussent des prisonniers sous les pieds.

— C’est vrai, puisqu’ils ont eu une si belle peur de cette fumée ! Or, comme je vous le disais, mossiou, nous avons là des camarades d’infortune ; mais par où sont-ils entrés ?

— Par une issue extérieure qui existe, et que les carabiniers ne connaissent pas.

— Ni la police non plus, je vous en réponds !

— Ni Daniella, ni Olivia non plus, car elles m’en eussent fait part.

— Et elles ne savent pas non plus qu’il y a ici d’autres réfugiés que nous, car elles nous en eussent avertis !

— Eh bien !

— Eh bien… mais, s’il y avait une sortie à ce château du diable, par-dessous le contre-fort de la grande terrasse… ces prisonniers seraient partis ou en train de partir. Ils songeraient à filer, et non à manger en étudiant la Norma de Bellini.

— C’est ce que je me dis, et je vois leur captivité dans ces caves bien plus effrayante que la nôtre.

— Ah ! voilà ce qui m’intrigue, reprit Tartaglia en secouant la tête ; vous avez entendu ouvrir et fermer des portes. Il y a une communication, entre eux et nous, plus facile que votre diable de galerie qui nous ensevelira si nous continuons à la fouiller. Nous avons mal cherché, mossiou ?

— Il faut chercher encore !

— C’est ce que j’allais dire.

— Prenons toujours le pic et la pioche, et allume la lanterne.