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— Eh bien, ils tireront sur nous, mais ils nous manqueront ; la terrasse est si grande !

— Beaucoup trop grande dans tous les sens pour que je sois tenté de la traverser sous leur feu ! D’ailleurs, que ferons-nous quand nous aurons atteint la balustrade ? Encore la corde à nœuds pour descendre dans les lauriers ? Et le temps de l’attacher ?… et les balustres qui ne tiennent à rien ! Et puis croyez-vous que l’allée de cyprès ne soit pas gardée ?

— Il est bien question d’allée ! Une fois au bas de l’esplanade, nous avons, pour fuir et nous cacher, plus d’une lieue carrée de jardins et de parcs remplis de massifs d’arbres, de ruines et de fourrés !

— Ah ! mon Dieu, mossiou, voilà que ça sent le poisson ! Oui ! je vous jure que ces clarinettes de la Befana nous envoient une délicieuse odeur de poisson frais !

— C’est vrai ! mais que nous importent les mystères de cette cuisine de sorciers ? Il s’agit de fuir.

— Il est trop tard, mossiou ! voilà les carabiniers qui reviennent et la fumée qui se dissipe. Allons ! monseigneur Lucifer est servi, et nous sommes toujours prisonniers.

Nous observâmes quelques instants nos gardiens. Nous vîmes les officiers arpenter bravement le terrazzone et s’efforcer d’y ramener leurs hommes ; puis capituler avec l’idée que cet espace nu serait tout aussi bien gardé par des sentinelles posées à chaque extrémité.

— Ces gens ont peur, dis-je à Tartaglia ; le moindre bruit un peu ressemblant à une explosion souterraine, que nous viendrions à bout de produire dans les salles basses du château, les mettrait en fuite, car il est certain qu’ils rêvent mine, écroulement.

— Moi, je rêve quelque chose de plus raisonnable, mos-