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Nous marchâmes à la lueur de nos bougies pendant environ cinq minutes, et, autant que j’en puis juger, nous étions sous le terrazzone ; nous en suivions le mouvement demi-circulaire. Aucun bruit ne parvenait jusqu’à nous.

Nous chantions déjà victoire, lorsque nous fûmes arrêtés net par un écroulement qui me parut dater de plusieurs années. La voûte avait cédé. L’eau filtrant, du terrazzone probablement, avait à la longue causé ce désastre. Le sol était inondé d’une flaque où nous l’entendions tomber goutte à goutte.

— Ou bien encore, me dit Tartaglia, c’est un craquement souterrain, résultat d’un tremblement de terre.

— Peu importe la cause, répondis-je. Il s’agit de savoir si nous pourrons triompher de l’accident.

Je revins sur mes pas, je les comptai, j’observai le mouvement de la galerie, je consultai les souvenirs et les observations de mon compagnon sur la forme et l’étendue extérieure de la terrasse. Nous n’en pouvions plus douter, nous étions tout près de la face extérieure centrale. La voûte qui nous abritait supportait l’immense et magnifique balustrade qui entoure l’esplanade. Une porte, une issue, une bouche quelconque devait être là, devant nous, sous cet éboulement. Il fallait le traverser.

— Nous le pourrons, dis-je à Tartaglia ; il faut le pouvoir ! Nous étudierons avec soin la superposition des blocs écroulés. Nous ne toucherons pas à ceux qui nous préservent d’un prolongement de rupture dans la voûte ; nous fouirons pierre à pierre, et nous creuserons, parmi ces débris, un couloir suffisant !

— C’est bien dangereux, dit-il en secouant la tête, et cela peut durer plus d’un mois !

— Mais cela peut n’être ni long ni dangereux, nous n’en savons rien.