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et de capellini, autre pâte de même genre, qu’il avait apportée avant-hier matin, et dont il ne voulut pas me dire la quantité.

— Non, non ! s’écria-t-il en couvrant cette réserve de son tablier de cuisine ; vous vous laisseriez aller à en donner au capucin, qui mangerait plus que sa faim. Il mangera comme nous, ni plus, ni moins.

— À la bonne heure ; mais voici le moment de travailler au Pianto. Viens-tu ?

— Oui, oui, partons ! Mais cachons tout, et fermons bien le casino.

Nous laissâmes le capucin en prières devant une Vierge Louis XV qui est sous le portique, et nous retournâmes à notre soupirail, munis de la corde à nœuds et de deux bougies.

Tout allait bien ; la petite voûte n’avait pas bougé : aucune partie de l’édifice n’avait fléchi. Nous descendîmes sans peine dans la cave. Nous montâmes sur le tas de décombres qui obstrue l’arcade, et nous parvînmes, en un quart d’heure de travail, à en déblayer assez pour nous faire un passage. Tartaglia cause plus qu’il ne travaille. La fatigue du pionnier lui est très-antipathique ; mais il m’anime par son babil, que j’arrive à trouver très-divertissant.

L’arcade, devenue praticable, me semble être une découverte assez sérieuse. Elle s’ouvre sur une galerie qui tourne en demi-cercle et qui a dû servir de lit artificiel à un courant d’eau destiné à alimenter cette fameuse cuisine que nous cherchons.

Cette galerie est large de cinq pieds et haute de quinze ou vingt. C’est un ouvrage magnifique. La voûte est en très-bon état. Des dépôts sédimenteux sur les parois attestent le passage et le séjour des eaux. Pourtant l’élévation de la voûte ferait croire que c’était un passage pour des cavaliers lansquenets.