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— Oui quelques briques bien placées suffiraient pour empêcher le dôme de Saint-Pierre de s’écrouler. Voyons, il n’est que neuf heures ; voilà le vent qui s’élève, et qui couvrira le bruit de notre travail. C’est une circonstance rare depuis quelque temps, et dont il faut profiter. Nous sommes lestés d’un bon souper, nous sommes dispos, nous sommes de bonne humeur ; attendrons-nous la faim, la tristesse, le découragement ?…

— Allons-y, mossiou, s’écria Tartaglia en se levant, et, à la française, allons-y gaiement !

Mais au moment de prendre la bougie, il s’arrêta.

— Nous ferions mieux, dit-il, de nous coucher de bonne heure et de ménager le luminaire. Le jour où nous manquerons de bougie et de chandelle… Cela peut devenir bien incommode et bien dangereux, mossiou, de ne pas voir clair dans ce taudis !

— Bah ! nous sommes approvisionnés de cela aussi pour une semaine, et, d’ailleurs, la question est maintenant de sortir d’ici.

Quand Tartaglia m’eut fait voir la barre limée par lui, je reconnus avec chagrin qu’en réussissant à scier la grille, nous ferions indubitablement tomber le petit cintre de pierres du soupirail ; et comment savoir où s’arrêterait l’écroulement de cet édifice, abandonné depuis plus de cinquante ans à toutes les influences de la destruction ?

Mais, après mûr examen, je crus pouvoir affirmer qu’en étayant le milieu avec une pile de briques sur champ, et en soutenant les bas-côtés avec deux grosses boules de pierre qui servaient d’ornement autrefois à je ne sais quelle construction dans ce préau, et qui gisent maintenant dans les ronces, nous pouvions enlever la grille sans danger, et nous glisser encore par l’ouverture du soupirail.

Les mesures étant prises et les matériaux rassemblés, nous