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actif se réveille dès qu’on fait appel à sa sagacité. Si nous pouvions sortir de cette cuisine, que nous appelons la Befana, nous nous trouverions au bas du terrazzone, tandis que les carabiniers sont dessus, et nous entrerions tout de suite dans un fourré de lauriers qui est là, et, de là, dans l’allée de cyprès ; et, de là, dans la cour de Felipone, qui nous laisserait certainement évader. C’est un brave homme, je le connais.

— Eh bien ?

— Eh bien, oui, on sortirait par les cuisines, s’il y avait une sortie ; mais je ne la connais pas, mossiou ; elle doit être souterraine, car je n’entends pas le cri des sentinelles au bas du grand contre-fort sans yeux du terrazzone, ce qui prouve bien qu’on regarde comme impossible une évasion de ce côté-là.

— Raison de plus pour diriger nos efforts de ce côté-là. Il y a toujours moyen de percer un mur, eût-il dix pieds d’épaisseur ; et, d’ailleurs, je compte comme toi sur la découverte d’un passage souterrain.

— Comme moi, vous dites ? Eh ! je n’y compte déjà pas tant, quoique j’en aie ouï parler. Mais, mossiou, vous oubliez une chose, c’est que la grande affaire, ce n’est pas encore tant de sortir de cette fameuse Befana que d’y entrer !

— Eh bien ! la cave du Pianto ? Et ton barreau entamé il y a si longtemps ? et ta lime anglaise qui ne te quitte jamais ? et nos quatre bras pour travailler ?

— Et les pierres qui se disjoignent, mossiou ?… et la lézarde qui s’agrandit dès qu’on ébranle la grille du soupirail ?

— Bah ! nous étayerons !

— Nous étayerons une construction de peut-être cent pieds de haut, à nous deux, mossiou ?…