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— Hélas ! voilà ce que je crains ? C’est son inquiétude et son agitation ! Elle voudra se lever, aller à Rome…

— Non, non ! elle ne le pourrait pas. Son frère est là pour l’en empêcher ; et, d’ailleurs, si Olivia voit qu’il y a du danger à lui faire savoir où nous en sommes, elle le lui cachera ; mais Olivia agira, ou bien la Mariuccia ! On ne peut empêcher ni l’une ni l’autre d’aller à Rome. Lord B*** est peut-être revenu de Florence. Le cardinal, quand il saura de quelle manière on interprète sa défense, fera évacuer les parcs et jardins. Enfin, tout ceci est l’affaire de quelques jours et il s’agit de patienter avec une maigre chère.

— Avons-nous des vivres pour quelques jours ?

— Certainement ! Nous avons les lapins apprivoisés ; il y en a quatre. On peut vivre à deux avec un lapin par jour.

— Nous sommes trois !

— Le capucin aura les os : il a de si bonnes dents, des dents de requin ! et puis, nous avons la chèvre !

— Pauvre chèvre ! Mieux vaut la garder ; elle donne du lait, et, avec du lait, on vit.

— C’est vrai, gardons la chèvre. La pâture ne lui manquera pas. Par ce temps printanier, ce qu’elle tond d’un côté repousse de l’autre. Seulement, il faudrait l’empêcher d’aller dans le parterre, où elle dévaste certaines racines qui m’ont bien l’air d’être mangeables, faute de mieux.

— Précisément, j’ai vu là des asperges sauvages. Nous lui interdirons le parterre.

— Et que diriez-vous, mossiou, d’une brochette de moineaux de temps en temps ?

— Eh ! eh ! cela peut être agréable à l’occasion.

— Avec une petite barde de lard autour ! j’ai eu la bonne idée d’en apporter un beau morceau que nous ferons durer longtemps. Et puis, avec des trappes, comme je le disais au