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caution. Un cavalier, enveloppé jusqu’aux yeux, me demandait à entrer un instant. C’était le docteur R…

— Vous comprenez ce qui m’amène, me dit-il ; je viens chercher la Vincenza…

Il avait rencontré Brumières à la Spezzia. Apprenant que ce voyageur venait de Frascati, le docteur, bien qu’il ne le connût pas, lui avait demandé des nouvelles des personnes qui l’intéressaient, de sa mère, de moi et de Felipone. Brumières, qui venait de recevoir une lettre de nous, où nous lui disions que Vincenza avait couru et courait encore de grands dangers, avait fait part de ce paragraphe au docteur.

— J’ai compris, nous dit celui-ci, que M. Brumières, bien qu’il ne s’en vantât pas, était pour quelque chose dans les malheurs de ce ménage ; mais il se pouvait que je fusse seul en cause dans l’esprit du mari ; et, d’ailleurs, il me suffit qu’une femme m’ait appartenu sans spéculation et sans perfidie pour que je me regarde comme son défenseur en toute circonstance où je peux quelque chose. Je connais ce bon Felipone, un homme à passions exclusives, capable de haïr autant que d’aimer. Je viens donc voir si je dois lui enlever sa femme, on si je peux les réconcilier ensemble. Dans tous les cas, je viens attirer le danger sur moi, pour le détourner d’elle.

Quand le docteur sut ce qui s’était passé, son parti fut pris à l’instant même.

— Donnez-moi cette pauvre femme, dit-il ; je vais la mettre en croupe derrière moi, et je me fais fort de la conduire en lieu sûr. De là je l’expédierai en France, où un de mes amis me demande une cuisinière italienne. Elle sait faire le macaroni comme personne. Peut-être qu’un jour son mari pleurera sa violence et sera heureux d’apprendre qu’elle vit encore ; mais il ne sera jamais ni utile ni prudent de lui dire où elle est.

Daniella, avertie par moi, habilla et enveloppa la Vin-