Page:Sand - La Daniella 2.djvu/298

Cette page n’a pas encore été corrigée

grande galerie qui conduit à la befana. Je revins sur mes pas pour calmer les inquiétudes de ma femme et lui dire de venir me rejoindre par le Pianto. J’avais toute espérance de sortir par le tour, après avoir constaté le fait mystérieux, horrible probablement, que nous poursuivions.

Je pénétrai sans obstacle dans la befana. La faible clarté de ma bougie ne me permettait pas d’en voir l’ensemble, et, après l’avoir explorée dans tous les sens, je commençai à croire que nous avions rêvé une catastrophe. J’allai ouvrir à Daniella, qui arriva bientôt derrière la porte tournante, et que j’étais pressé de tranquilliser.

— Il n’y a rien, il n’y a personne, lui dis-je. S’il eût renfermé là sa victime il aurait cadenassé cette porte, par où elle pouvait sortir.

— Mais s’il l’a tuée ! As-tu cherché partout ! Tiens, voilà une chose nouvelle ici. La grande cheminée qui donne près du casino est murée.

— Cela n’a-t-il pas été fait pour nous empêcher d’entendre les cris de Brumières lorsqu’on l’a tenu ici toute une nuit ?

— Il nous a dit qu’on l’avait bâillonné. On n’aurait pas pris cette peine-là si la cheminée eût été murée.

Je crevai, à coups de pioche, la cloison de briques qui fermait l’orifice de la cheminée, et je vis qu’on avait entassé du foin derrière cette maçonnerie encore fraîche. Felipone avait donc pris ses précautions d’avance pour que l’on n’entendit pas, du casino, les cris de la victime.

— Puisqu’il a eu tant de préméditation, dis-je à ma femme, il n’y a pas d’espoir à conserver. S’il l’a tuée, il a eu le sang-froid de l’enterrer quelque part, soit ici, soit ailleurs, dans les souterrains, peut-être dans la glacière par où je suis descendu, et dont il a eu le soin de masquer l’entrée.