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— À quoi bon ? Aujourd’hui ou demain, elle est condamnée !

— Peut-être que non ! Le premier moment est le plus à craindre.

Je m’élançai sur les pas du fermier : mais il avait pris si rapidement l’avance, que je trouvai la porte tournante déjà fermée et verrouillée en dedans. Je frappai en vain, on n’ouvrit pas. Cette porte massive a au moins six pouces d’épaisseur, et ne laisse point passer le bruit qui se fait dans la befana, masquée qu’elle est, de ce côté-là, par un second mur en briques et une autre porte bien jointe.

Je collai en vain mon oreille contre la fente imperceptible que le tour laissait entre le bois et l’encadrement de pierre. Plus de cinq minutes se passèrent sans que j’entendisse d’autre bruit que celui des pas de ma femme, qui venait me rejoindre Puis il nous sembla que quelqu’un se jetait dans l’intervalle des deux portes en murmurant des paroles confuses ; et aussitôt nous distinguâmes la voix claire du fermier qui disait : Basta ! (c’est assez). La seconde porte, en se refermant, nous sembla couvrir, de son bruit sourd, un cri étouffé, et tout rentra dans le silence.

— Ces agitations te font mal, dis-je à Daniella, qui tremblait et ne pouvait plus se soutenir. Je ne veux plus te voir suivre ce cauchemar. La vie de ton enfant est plus précieuse que celle de Vincenza. Va-t’en, et prends patience, si tu m’aimes. Je te jure que je vais faire tout ce qui sera humainement possible pour empêcher Felipone…

— Il n’est plus temps, va ! me dit Daniella. Je ferai ce que tu veux. Tâche de savoir ce que va devenir mon pauvre parrain.

Elle quitta ce lieu sinistre, et je sortis de Mondragone pour courir à la ferme, sans espoir de pénétrer par là dans le chemin souterrain (Felipone avait dû prendre ses précau-