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— Voulez-vous donc faire tuer la Vincenza par son mari ? lui dit Daniella. Gardez ce présent pour la première duchesse à qui vous ferez la cour.

Brumières pâlit à l’idée de la situation terrible où il laissait la Vincenza, et sourit à celle d’une plus brillante conquête. Nous vîmes bien que ses déceptions ne l’avaient pas guéri de la manie des grandes aventures.

Le prince et la princesse partirent pour Gênes le jour où expirait la permission de séjour du prince dans les États romains. Nous ne revîmes pas Medora. Le prince vint nous faire ses adieux, ses protestations d’amitié et ses offres dans le cas où je voudrais aller décorer son palais.

Benvenuto ne voulut accepter de moi aucune espèce de récompense pour les services qu’il m’avait rendus.

— Je suis plus riche que vous, maintenant, me dit-il, et si jamais vous êtes dans la gêne, souvenez-vous de l’ami Tartaglia, qui sera heureux de vous obliger.

Lady Harriet, se sentant tout à fait remise, congédia la Vincenza le jour même. Celle-ci vint nous trouver pour savoir si nous avions des nouvelles de son mari.

— Quoi ! lui dit ma femme indignée, tu nous demandes cela avec cette tranquillité ?

— Je sais, répondit l’effrontée petite créature, que M. Brumières est en sûreté et que Felipone ne fera pas de malheur.

— Lequel des deux vous intéresse ? lui demandais-je.

— Eh ! mon pauvre mari, puisque l’autre me trompait.

— Et tu ne crains rien pour toi-même ? dit Daniella.

— Que veux-tu que je craigne ? J’ai aidé Felipone à se venger en faisant manquer le mariage.

— Et tu es sûre de le gouverner encore ?

Chi lo sà ! répondit-elle ; mais je suis sûre qu’il ne me fera point de mal.