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vivre, sur ses courses, le soir et le matin, à des heures indues, et, sur son intimité inconvenante avec M. Brumières. En ce moment, le prince, qui se faisait petit et gentil derrière la porte, s’était jeté aussi aux pieds de milady, en se déclarant l’heureux époux ; et l’on avait déjeuné ensemble de bonne amitié.

Le lendemain matin, le prince vint à Mondragone de très-bonne heure, et voulut voir Brumières.

— Monsieur, lui dit-il, je vous ai fort contrarié et suis prêt à vous en rendre raison ; mais, avant tout, je veux vous tirer d’un danger que mon intendant Benvenuto m’a fait connaître, et qui s’aggrave d’un instant à l’autre. Je ne quitte ce pays-ci qu’après-demain. Je vous prie donc d’accepter ma voiture et l’escorte d’Orlando et de Benvenuto, aujourd’hui même, jusqu’à Rome. De là, vous gagnerez Civita-Vecchia avec le même Orlando, qui m’y attendra pour l’embarquement. Vous pourrez, vous, vous embarquer dès demain. Nous nous reverrons ensuite où, quand et comme vous voudrez.

Brumières refusa ; mais l’entrevue se termina par une poignée de main.

Une heure après, lord B*** vint, avec sa voiture, chercher Brumières pour le conduire jusqu’au bateau à vapeur. Felipone n’avait pas reparu depuis que nous l’avions rencontré à Rocca-di-Papa. Benvenuto, qui se démenait et s’ingéniait pour ne pas laisser ensanglanter le prologue de ses belles destinées, pensait que le fermier guettait sa proie, et il avait averti lord B*** de sauver au moins la vie au pauvre amoureux éconduit.

Brumières nous quitta en nous donnant de sincères témoignages d’affection et de gratitude, en nous priant de donner de sa part à la Vincenza le bijou étrusque que Medora venait de lui renvoyer.