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pardonnait, grondait, parlait, pleurait, disait adieu, revenait ; si bien qu’au bout d’une heure miss *** se disait, avec raison, que son vieux soupirant était un galant homme et qu’il valait mieux pour elle être princesse que bourgeoise.

Une seule chose l’embarrassait, c’est comment elle allait rompre avec son Brumières. C’est alors que je suis intervenu pour révéler les amours du pauvre garçon avec la piquante fermière. Dès lors, la cause, a été entendue, et, en apprenant où le mari jaloux avait niché son rival, elle en a en un fou rire…

— Comment aviez-vous su le mariage concerté ?

— Par Vincenza, mossiou ; Vincenza avait écouté aux portes, et par elle je savais tout avant de vous voir.

Daniella, qui avait essayé en vain de rejoindre Felipone, vint à nous.

— Pendant que tu bavardes, dit-elle à Tartaglia, sais-tu ce que devient M. Brumières, et si Felipone ne va pas…

— Ne craignez rien, répondit-il ; Benvenuto pense à tout et ne veut pas que cette noce, qui fait sa fortune, soit entachée d’un accident. D’abord, Felipone est satisfait, et puis Orlando est là qui garde à vue le prisonnier et qui en répond sur sa tête.

Pendant que je recevais ses révélations, Medora et son époux, environnés de pauvres, semaient de l’or à poignées sur les marches de l’église, et, comme toute la population tendait les deux mains en criant misère sur tous les tons, ils avaient grand’peine à se frayer un passage vers nous. Le prince m’avait aperçu et il réussit à venir m’embrasser avec effusion. Je m’étonnais de le voir ainsi en public. Il m’apprit qu’il avait la permission en règle de passer trois jours sur le territoire romain. L’espoir de lui voir faire un riche mariage avait décidé son frère le cardinal à le couvrir mo-