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commission a me donner pour le cardinal Antonelli, qui est de ses amis. Sans ça j’aurais été obligé de dépenser une année de mon casuel. Il est vrai que je ne serais pas venu : non, morbleu, je ne serais pas venu !

Tout en grondant, mon oncle m’apprit qu’il était arrivé depuis quatre jours à Rome, et qu’il avait employé ce temps à faire sa commission et à solliciter de monseigneur Antonelli la rémission de mon péché :

— Car il paraît, ajouta-t-il, que tu t’amuses à cracher sur les saintes images et à porter sur toi des signes de cabale maçonnique ou autres ?

— Vous ne croyez pas cela, j’espère ?

— Non, je ne le crois pas. J’ai même engagé ma parole ; j’ai juré sur mon salut éternel que jamais l’idée n’avait pu te venir de profaner une image du culte. Quant à la cabale, tu m’avais écrit que tu ne savais pas même de quoi il était question, et j’ai répondu de toi. On a fait un peu de grimaces pour mettre fin à cette procédure : mais comme il paraît que j’avais apporté de bonnes nouvelles de mon archevêque, et qu’il m’avait bien recommandé dans ses lettres ; comme, d’ailleurs, je suis têtu et que je ne crains pas de parler à n’importe quel grand personnage de l’Église je l’ai emporté. Tu es libre ; le cautionnement sera rendu à ton Anglais, qui est vraiment meilleur que tu ne mérites ; et si tu ne te fais plus d’ennemis dans le pays, tu peux y faire quelques économies.

Il m’apprit aussi que ses lettres à lord B*** et au curé de Frascati, pour retarder mon mariage, avaient été écrites de Rome. C’était la cause du retard tenté en vain par ce dernier, Mon oncle avait eu pour motif principal, disait-il, l’inconduite de Daniella.

— Mais on m’avait trompé, se hâta-t-il d’ajouter. L’Anglais m’a rassuré à cet égard ; il paraît que la