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qui me disait : « J’existe, je suis entré dans le cercle de ton existence ; je suis là. Dieu me donne à Daniella pour toi. » Et je tarderais, moi, un seul jour, à prendre un engagement sans lequel cet enfant, cet ange, pourrait me dire demain dans mon sommeil : « Tu ne veux donc pas de moi ? »

— Oui, oui, demain ! s’écria Daniella avec transport ; marions-nous demain ! Que rien ne puisse nous séparer ; que personne ne puisse dire un jour : « Voilà un pauvre petit ange qui n’a pas été aimé le jour où il est descendu vers eux !

À six heures du matin, nous étions chez Felipone. Sa femme était à Piccolomini, où elle soigne toujours lady Harriet. Cet arrangement ne convient guère au fermier ; mais la Vincenza l’a voulu, dit-il : elle ne manque pourtant de rien ici ! Elle veut gagner de l’argent, folie de jeune femme, pour avoir des bijoux !

— Et notre second témoin, l’as-tu trouvé, parrain ? lui dit Daniella préoccupée.

— Oui, répondit-il ; nous allons le prendre en passant. Passe devant, toi, figlioccina, et va-t’en à l’église de ta paroisse par le bas du faubourg. Ton fiancé s’en ira seul par le chemin d’en haut. Moi, je ferai le tour par la porte de la ville. Au moment où la messe sonnera, soyons chacun à l’une des trois portes de l’église. Je vous donnerai le signal pour entrer, en entrant le premier. Vous aurez l’œil sur moi, et vous me suivrez, chacun de votre côté, par les petites nefs. De cette manière nous arriverons ensemble à la porte de la sacristie sans avoir éveillé les soupçons du curé qui pourrait bien nous jouer quelque mauvais tour pour nous empêcher de l’approcher à temps.

— Mais le second témoin, reprit Daniella, où sera-t-il ?

— Il est déjà à son poste, répondit Felipone. Vous verrez un homme bien dévot, prosterné devant la chapelle de Saint-