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Le 26, au soir.

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Il nous arrive une chose singulière et assez contrariante. Par un motif inexplicable, le curé de Frascati refuse de nous marier, pour le moment et jusqu’à nouvel ordre. Pendant que j’étais sorti pour faire une étude, il a mandé Daniella devant lui et lui a dit tout ce qu’il croyait propre à la faire renoncer à ce mariage ; que j’étais un inconnu, peut-être un vagabond mal noté à la police, et sous le coup d’une accusation grave ; que le moins qui m’en arriverait serait d’être expulsé à jamais du pays : qu’elle allait donc quitter sa famille et ses amis, sans espoir de les revoir jamais, pour suivre un homme suspect qui n’avait peut-être ni feu ni lieu, etc., etc.

Daniella ayant persisté, il lui a déclaré qu’il lui donnait huit jours pour réfléchir, et qu’a moins d’un ordre supérieur, il ne procéderait pas au mariage avant ce délai. Mis en demeure de promettre au moins de s’exécuter dans huit jours, sans plus, il a hésité ; il a dit :

Peut-être, nous verrons. J’espère que, d’ici là, vous aurez renoncé l’un à l’autre.

Cette situation inquiète et irrite Daniella, d’autant plus que le curé va disant, dans son cénacle de dévotes, que notre mariage n’est pas fait et ne se fera probablement pas. En mandant ma pauvre compagne devant lui, il l’a forcée à se montrer dans la ville, où elle a été accueillie par un empressement de curiosité désagréable pour elle, malveillante à mon endroit. Bien que l’on se soit réjoui tout haut de la mort de Masolino, on prétend maintenant que je