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J’avais fini de déjeuner. Je laissai Tartaglia déjeuner à son tour, et je me rendis à mon atelier, où je viens de vous écrire ce chapitre et où je vais essayer de travailler pour dissiper ma mélancolie.


5 heures.

. . . . . . . . . . . . . . .

Je reprends pour vous dire que, pendant que j’étais à peindre, j’ai entendu frapper violemment, à plusieurs reprises, à la porte de la grande cour. Tartaglia, tout effaré, est venu à moi en me disant :

— Cachez-vous quelque part, mossiou ; on enfonce les portes !

— Non, lui dis-je, c’est Olivia qui est forcée d’amener quelque voyageur pour ne pas éveiller les soupçons, et qui m’avertit par un signal convenu.

Je ne me trompais pas. À peine m’étais-je réfugié dans le casino, que je vis, par la fente de la porte de ma terrasse, Olivia passer sous le portique de Vignole et regarder de mon côté avec inquiétude. Quand elle se fut assurée que mon sanctuaire était bien fermé, elle alla rejoindre ses voyageurs, qu’elle sut tenir à quelque distance. C’étaient des bourgeois marseillais qui décrétèrent, à voix haute et retentissante, que cette ruine était horrible et dégoûtante, et qui, effrayés de voir courir autour d’eux ces petits serpents dont je vous ai parlé, parurent peu disposés à explorer l’intérieur du palais. Mais ils étaient escortés d’un grand homme sec, vêtu, en revanche, d’un habit noir très-gras, qui éveilla l’attention de Tartaglia.

— Voyez celui-ci, mossiou, me dit-il dans l’oreille. Il n’est