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— Vous voulez me consoler ; mais je suis tout démonté. On nous avait promis du café ; voulez-vous que j’aille le chercher ?

— Non, j’y va

— Je vois bien que vous êtes un tigre ! reprit-il quand je revins avec le café que Daniella avait préparé et qu’elle savait bien que j’irais chercher moi-même. Je le comprends ; mais ne vous inquiétez donc pas de moi. Je suis un homme trop occupé pour être dangereux. D’une part, mon état de chien fidèle et parfois grognon auprès de ma princesse ; de l’autre, une petite sotte d’aventure pour passer le temps et prendre patience. Vous connaissez la Vincenza ?

— Oui. J’aime mieux son mari.

— Son mari n’est qu’un imbécile, parfaitement habitué au sort que je lui procure.

Vous vous trompez, c’est une dupe aveugle ; mais puisque vous me parlez de ça, je vous dois un avis. Prenez garde à cet homme gras et souriant : il aura un mauvais réveil !

— Je sais que je risquerais quelque chose avec lui. Je ne suis pas riche ; il me rançonnerait, à coup sûr.

— Vous lui faites injure en supposant qu’il vous épargnerait si vous pouviez payer son déshonneur. C’est un homme au-dessus de ce qu’il paraît. J’ai été à même de l’apprécier, et je cause avec lui tous les jours avec beaucoup d’intérêt. Il aime sa femme, il croit en elle, dans l’occasion, il sait se venger… Je ne peux rien vous dire de plus. Soyez averti.

— Bah ! je connais mon Frascati sur le bout du doigt ! Les femmes y sont bien plus libres que les filles. Cette Vincenza, à laquelle j’ai dû renoncer autrefois parce que la partie était dangereuse, et qu’en somme je ne prenais pas la personne assez au sérieux pour tout risquer, à présent qu’elle est