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— Retournons auprès de lady Harriet, me dit-il ; il ne faut pas qu’elle se fatigue à parler.

Nous la retrouvâmes très-animée.

— Je suis contente d’elle, dit-elle à son mari en lui montrant Daniella ; c’est vraiment une belle âme et une intelligence bien supérieure à ce que je croyais. Voilà comme nous sommes, nous autres gens riches et dissipés ; nous ne connaissons pas les êtres qui nous entourent. M. Valreg n’aura pas de peine à lui donner des manières et de l’éducation. Il en fera une femme charmante, car elle l’aime véritablement. D’ailleurs, il n’en serait pas ainsi, que j’accepterais encore celle qui portera son nom. Je ferais pour lui exception à tout usage et à toute opinion reçue. Je ne pourrai jamais oublier qu’il m’a sauvé la vie, et peut-être l’honneur ! À présent, ajouta-t-elle, je me sens lasse et je voudrais me coucher. Mais je ne voudrais pas Fanny ; elle m’est devenue antipathique. Cette Mariuccia, qui est ici, est bonne, mais trop bruyante. Ma nièce est trop parfumée… et, d’ailleurs, il ne serait pas convenable qu’elle me servît.

— Je vous servirai, moi ! dit lord B***. De quoi vous inquiétez-vous ?

— Oh ! ce serait encore plus inconvenant !

— Et moi, milady ? lui dit Daniella en lui offrant son bras ; voulez-vous me permettre de vous servir encore ?

— Mais… c’est impossible ! M. Valreg ne te le permettrait pas ?

— M. Valreg, répondis-je, la chérira encore plus, s’il est possible, pour les soins qu’elle vous donnera.

— Eh bien, vous me faites plaisir, et je vous en remercie. Viens, ma chère, je ne serai pas ingrate envers toi !

— Laissez-la parler ainsi, me dit lord B*** quand elles furent sorties, et, si elle offre de l’argent à Daniella, dites-lui de ne pas le refuser, sauf à le jeter dans le tronc d’une