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important et de plus dangereux que vous a passé par ici ; on le sait, on croit qu’il y est encore, et, si on vous surveille, c’est par-dessus le marché, ou parce que l’on vous suppose affilié à cette personne ou à ces personnes… car vous dites que vous étiez peut-être plusieurs ?

— Oh ! cela, je le dis au hasard, et je peux fort bien te raconter ce qui m’est arrivé. J’ai cru entendre marcher dans le Pianto.

— Qu’est-ce que c’est que le Pianto ?

— Le petit cloître…

— Je sais, je sais ! Vous avez entendu ?…

— Ou cru entendre le pas d’un homme.

— D’un seul ?

— D’un seul.

— Et après ?

— Après ? Pendant la nuit j’ai entendu, oh ! mais cela très distinctement, jouer du piano.

— Du piano ? dans cette masure ? Ne rêviez-vous pas, mossiou ?

— J’étais debout et bien éveillé.

— Et la Daniella, l’a-t-elle entendu aussi ?

— Parfaitement. Elle supposait que cela venait des Camaldules, et que c’était l’orgue, dont le son était dénaturé par l’éloignement.

— Ce ne pouvait pas être autre chose. Donc, mossiou, vous ne savez rien de plus ?

— Rien. Et toi ?

— Moi, je saurai ! Dites-moi encore, mossiou, avez-vous été partout dans cette grande carcasse de château ?

— Partout où l’on peut aller.

— Jusque dans les caves sous le terrazzone ?

— Jusque dans la partie de ces caves qui n’est pas murée.