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Du 1er au 15 mai.

Il s’est passé encore bien des choses depuis mes dernières écritures. Comme j’aime mieux en faire davantage à la fois, ceci devient récit plutôt que journal.

Le lendemain du jour où je terminais ce qui précède, Brumières me fit demander par la Vincenza à me parler en particulier, et, bien que Felipone ait défendu, c’est-à-dire demandé à sa femme de ne pas lui révéler l’existence du souterrain, elle l’avait amené dans la Befana, où j’allai le recevoir.

— Je vous apporte des nouvelles, me dit-il gaiement ; mais d’abord laissez-moi vous presser sur mon cœur de jeune homme, car je reconnais que vous êtes un honnête et un bon garçon. Vous ne m’avez pas trompé : Medora… Mais parlons de vous d’abord, ce sera moins égoïste.

Vous êtes libre. Lord B*** m’envoie vous le dire, et ce que je vous dirai malgré lui, c’est qu’en attendant un semblant d’examen judiciaire des faits qui vous ont été imputés, ce bon Anglais, qui vous aime, a déposé, pour vous servir de caution, une somme que je crois fabuleuse, vu qu’on a de grands besoins dans ce gouvernement, et que le régime du bon plaisir autorise à beaucoup exiger, mais dont lord B*** refuse de dire le chiffre, affectant, au contraire, avec sa générosité de grand seigneur, d’avoir arrangé facilement toutes choses. Donc, mon cher ami, allez le remercier et le consoler de l’état de sa femme, qui devient inquiétant.

» Attendez cependant que je vous parle un peu de mes affaires, à moi ! J’ai découvert aisément, aux environs de Roccadi-Papa, ma céleste extravagante. J’ai enfourché le