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Il était cinq heures du matin quand nous pûmes nous reposer, et ce repos dura jusqu’à midi. Le réveil dans les ténèbres effraya ma compagne. Notre lampe s’étant éteinte, elle ne savait plus où nous étions ; mais elle reprit sa gaieté quand nous eûmes fait de la lumière, et elle me ferma la bouche avec ses baisers en m’entendant plaindre la triste vie où je l’entraînais. Elle s’habilla en chantant, et, pour se reposer de ses fatigues des jours précédents, elle se mit à danser autour de moi. Certes, le lieu n’était pas gai, vu ainsi à la clarté d’une seule lampe, et délaissé par l’active et bruyante compagnie qui m’y avait accueilli trente-six heures auparavant. Mais, en dépit de l’eau qui coule à travers ce vaste édifice et des fenêtres murées de toutes parts, il y fait chaud et sec comme dans toutes tes constructions établies dans le sol volcanique, comme dans les catacombes romaines, et comme dans toutes ces caves des vieux palais, où les pauvres ouvriers de la campagne sont heureux qu’on leur permette de se réfugier pendant l’hiver.

Mais nous sommes en plein printemps, et il nous tardait de revoir le ciel. Nous portâmes notre déjeuner dans le Pranto, où le soleil nous rendit tout à fait la confiance et la joie.




XLVI


Mondragone, 30 avril.

Felipone vint nous y trouver. Il m’annonça que je devais, par considération pour lui, ne recevoir personne, pas même lord B***, qui était venu lui demander de mes nouvelles, et