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— Parce que la Providence me sert toujours bien. Je suis un de ses enfants chéris. Figurez-vous, mon cher, que ce matin, en m’informant de vous et d’elle auprès de mon ancienne amie Vincenza, aujourd’hui madame Felipone, laquelle m’a tout raconté, j’ai vu accourir en liberté le cheval noir de Medora ; il avait cassé sa bride et arrivait gaîment à Frascati, où il paraît qu’il a ses affections ou ses aises. Comme il avait la selle de femme sur le dos, j’ai été effrayé, en songeant que quelque accident avait pu arriver à l’amazone : mais Vincenza ne partageait pas mes inquiétudes. « Ce cheval les aura embarrassés à un moment donné, disait-elle, ils l’auront lâché, et il a retrouvé le chemin de sa plus récente demeure.» J’ai pris des informations en me promenant, et des paysans, qui avaient rencontré Otello, m’ont dit qu’il était venu par le chemin de Rocca-di-Papa. Voilà comment j’ai fait, dans mon esprit, un rapprochement entre votre retraite au buco et la présence de mon étoile aux environs. Vous voyez que, moi aussi, j’ai ma malice. Abdiquez la vôtre, et dites-moi, puisque vous avez vu Medora…

— Allons ! allons ! nous cria Felipone, il faut partir !

Il s’impatientait, et il fallut que Brumières se remît en route avec nous, en silence. Il nous quitta aux trois pierres, après m’avoir encore offert ses services, et prit le chemin de Rocca-di-Papa, qu’il ne connaissait pas beaucoup, mais qui est facile à suivre.

Nous regagnâmes les Camaldules par un nouveau sentier moins difficile et plus court que le lit du ruisseau qui nous avait amenés, la veille, au buco, et nous pûmes pénétrer, sans aucune mauvaise rencontre, dans la chapelle de Santa-Galla : c’est le nom du petit édifice qui donne entrée au souterrain.

Quand je me vis enfin dans la mystérieuse galerie avec