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ne paraissait pas savoir elle-même où elle descendrait.

— Mais avec qui est-elle ?

— Seule avec un jockey.

— Un jockey ? Le prince dont m’a parlé lord B*** a au moins quarante ans. Il ne peut pas s’être déguisé en groom !

— Ledit prince est parti sans elle, à moins qu’il ne soit redébarqué quelque part pour courir après elle ; mais elle m’a dit l’avoir vu prendre le large hier matin.

— Ainsi vous l’avez donc vue depuis ?

— Oui, aujourd’hui.

— Ah ! traditore ! J’en étais bien sûr que vous étiez d’accord avec elle, et qu’elle faisait semblant de se sauver avec un vieux sigisbée pour courir après vous et avec vous dans les montagnes !

— Est-ce là la pensée de lady Harriett et de son mari ?

— Je n’en sais rien, mais c’est la mienne.

— Il vous faut donc toujours des serments ? Eh bien, je vous jure encore, sur l’honneur, que je ne suis pour rien dans les résolutions excentriques de miss Medora.

— Valreg, je vous crois. Quand je suis auprès de vous, votre air de franchise me persuade. Quand je n’y suis plus, je vous confesse que je me défie même de vos serments. Voyons, mettez-vous à ma place ! Je ne vous connais que parce que j’ai senti pour vous une vive sympathie dès le premier jour ; car je pourrais compter le petit nombre d’heures que nous avons passées ensemble depuis notre rencontre à Marseille. Je vois que vous avez aux yeux des femmes, je ne sais quel attrait. C’est peut-être parce que vous êtes un drôle de garçon sentimental, et que vos théo-