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— Qui ? Masolino ?

— Non, il n’a pas assez d’invention pour ça ; et, d’ailleurs, pour oser revêtir un habit de dominicain, il faut être plus protégé qu’il ne l’est ; c’est un ivrogne qui ne fera jamais son chemin. Avez-vous vu la figure de ce faux moine ?

— Oui, si c’est le même que j’avais remarqué à Tusculum ; mais je n’en suis pas certain.

— Et celui qui vient rôder par ici depuis quelques jours ?

— C’est celui de Tusculum, j’en suis presque sûr.

— Et vous reconnaîtriez sa figure ?

— Oui, je crois pouvoir l’affirmer.

— Faites-y bien attention si vous l’apercevez encore, et méfiez-vous ! Est-ce qu’il est grand ?

— Assez.

— Et gros ?

— Aussi.

— Ah ! s’il est gros ; ce n’est pas lui.

— Qui, lui ?

— Celui que je m’imaginais ; mais nous verrons bien ; il faudra que je découvre ce qui en est. Allons, dormez, Excellence. Tartaglia veille.

Il sortit en prenant la clef, et je me rendormis.

Je m’éveillai comme d’habitude, à cinq heures. Un instant je cherchai ma compagne à mes côtés. J’étais seul, je me souvins. Je soupirai amèrement.

Je m’habillai et donnai, de ma terrasse, un coup d’œil aux environs. Aussi loin que ma vue pouvait s’étendre, je ne vis pas une âme. J’entendis seulement quelques bruits lointains du départ pour le travail des champs. Tartaglia vint à six heures m’apporter des côtelettes et des œufs frais. Il avait un air soucieux qui m’effraya.

— Daniella est plus malade ? m’écriai-je.