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C’était lui en effet.

— Je vous amène un ami, me dit Felipone en s’avançant le premier pour nous reconnaître ; un ami qui vous apporte des nouvelles de Rome. Je ne le connais pas ; mais ma femme a répondu de lui. Seulement, j’aurais autant aimé qu’il ne s’obstinât pas à m’accompagner ici. C’est un homme qui ne peut pas rester cinq minutes sans vouloir faire la conversation ; et vous savez si c’est facile de causer sur un chemin comme celui qui nous amène ; outre que c’est assez dangereux pour moi. Il est aimable, gai, gentil ; mais il parle trop quand il faudrait se taire. Peut-être qu’il se tait quand il faudrait parler : il y a des gens comme ça.

Brumières nous rejoignit, et, après m’avoir embrassé avec une véritable effusion de cœur :

— Puis-je parler ici ? dit-il à Felipone, sans voir Daniella, qui, cachée sous sa mante, était à deux pas de nous. — Si vous avez quelque chose qu’il faille absolument lui dire ici, faites vite, dit Felipone, pendant que je me reposerai un moment auprès de ma filleule.

— Sa filleule ? me dit Brumières à l’oreille, en essayant de voir ma compagne. Est-ce réellement Daniella qui est avec vous ?

— Pourquoi en doutez-vous donc ?

— Je vais vous le dire ; mais venez plus loin… encore plus loin ! ajouta-t-il quand nous eûmes fait quelques pas : le bruit de cette cascade est agaçant…

— Il faut en prendre notre parti. C’est ce bruit qui nous permet de causer sans crainte. Voyons, cher ami, pourquoi et comment êtes-vous ici ?

— Mon cher ami, c’est pour vous, si vous voulez ; c’est afin de vous aider en cas de mauvaise rencontre. Voyons,