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notre chère prison de Mondragone, jusqu’à ce qu’on se fût lassé de faire des recherches aux environs, car le désappointement de ne trouver personne dans le château amènerait certainement des ordres pour que les recherches fussent réelles et sévères.

— Felipone m’a chargée, ajouta Daniella, de l’excuser auprès de toi de son manque de parole. Il n’aura pas trop de cette nuit pour faire disparaître toutes les traces du séjour des ses hôtes dans la grande cuisine, bien qu’il dise que les agents de police seront fins s’ils y pénètrent. Il m’a tout confié ; il est sûr de moi. Quant à ton séjour dans le casino, il n’en reste pas vestige, non plus que dans l’atelier. Tartaglia s’est chargé de tout cela.

— Mais lui, où se cachera-t-il ?

— C’est son affaire ; il m’a dit de n’être pas en peine de lui.

— Ah ! mon dieu, m’écriai-je, frappé pour la seconde fois d’un souvenir qui arrivait immanquablement après tous les autres. Et ton oncle le capucin ?

— Tartaglia l’a fait manger et lui a laissé des provisions pour la journée. On ne veut pas lui confier le secret du passage de la terrasse ; il ne saurait peut-être pas le garder devant les menaces de ses supérieurs. On avait bien songé de le faire sortir par là les yeux bandés ; mais cela eût pris trop de temps. On aime mieux le laisser saisir demain par les carabiniers, qui seront bien sots de n’avoir pas d’autre capture à faire que celle d’un pauvre moine effrayé, et qui le reconduiront sain et sauf à son couvent. On l’interrogera : tout ce qu’il peut dire, c’est qu’il s’est prêté à te porter de mes nouvelles. Il ne sait absolument rien des autres réfugiés.

— Ainsi, nous restons ici encore vingt-quatre heures ? Tu ne me quittes pas.