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sur la via Aurelia ! Tu ne te souviens donc pas que je pleurais, après cette bataille ! Il ne m’avait pas reconnue sur le siège de la voiture, parce que j’avais un chapeau et un voile ; mais moi je l’avais vu ; et voilà pourquoi je t’ai dit ensuite que cet homme-là était capable de tout.

— Mais… cette nuit ? qu’est-il devenu ?

— Tu le sais bien, dit-elle en baissant la tête. Ne parlons pas de lui.

— Mais tu sais que ce n’est pas moi ?…

— Si, c’est toi… n’importe ! Dieu l’a voulu ainsi.

— Non ! Dieu a permis que ce ne fût pas moi.

— Felipone m’a dit cela, et j’espère que c’est vrai.

— Il t’a dit la vérité. Masolino a été tué avec des chevrotines, et mon fusil était chargé à balle.

— Que Dieu en soit béni ! Mais ne crois pas que, s’il en eût été autrement, j’eus cessé de t’appartenir. Quand même il eût été le meilleur des frères, quand même tu l’aurais assassiné par méchanceté, il ne dépendrait pas de moi de t’aimer moins pour cela. Tu pourrais bien faire un crime et mériter la mort, je te suivrais sur l’échafaud. Oh ! oui, j’aimerais mieux mourir avec toi que de cesser de t’aimer.




LXIII


Je devais donc rester caché à la Maledetta jusqu’à ce que l’on eût fait une perquisition à Mondragone. Si la galerie souterraine n’était pas découverte, j’y rentrerais la nuit suivante. Dans le cas contraire, on aviserait à me trouver un autre refuge ou un moyen de fuir. Mais la meilleure éventualité était celle de pouvoir rentrer ensemble dans