Page:Sand - La Daniella 2.djvu/133

Cette page n’a pas encore été corrigée

notre réunion, nous ne pouvions pas venir à bout de nous répondre. Je la tenais serrée contre mon cœur, comme si on dût me l’arracher encore, et les sens n’étaient pas le but de cette extase supérieure à toutes les joies de la terre. C’était la moitié de mon âme qui m’était rendue ; je retrouvais la notion de la vie, le sentiment placide et sublime de l’éternelle possession.

Il fallut renoncer à nous expliquer, à nous raconter quoi que ce soit pour le moment. D’ailleurs, elle s’occupait, tout en me parlant, de je ne sais quelle tentative d’installation. Elle étendit sa cape devant l’étroite ogive qui servait de porte et de fenêtre, et alluma une bougie.

— Mon Dieu, comme tu as froid ici ! disait-elle ; je vois bien que tu as eu l’industrie de te faire un lit ; mais tu n’as pas eu la malice de trouver le moyen de faire du feu. Je sais qu’un proscrit a passé ici il n’y a pas longtemps. Felipone m’a dit de chercher le charbon et les autres choses qu’il y a laissées, sous les pierres, du côté où le mur est noirci ; cherche donc avec moi !

Je ne voulais pas chercher, je ne voulais pas entendre, je ne savais pas s’il faisait froid. Je m’employai pourtant, en la voyant fouiller dans les briques et dans les pierres avec ses petites mains intrépides. Nous trouvâmes un tas de menu charbon et des cendres sous les décombres.

— Fais la cheminée, me dit-elle, voilà les trois pierres plates qui ont déjà servi.

— Mon Dieu, tu as donc froid ?

— Non, j’ai chaud ; mais il nous faudra passer la nuit ici.

— Passons-y toute la vie, si tu veux. À présent, c’est mon Vatican.

Elle alluma la braise avec cette adresse des femmes du Midi, qui savent la disposer de manière à ce que le gaz carbonique soit absorbé entièrement sous la couche en combustion. Puis elle chercha encore et trouva une lanterne