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et son visage de pierre, il répondit encore non, avec une tranquille et grandiose résignation.

Il se fit une minute de silence ; puis la voix de Campani reprit :

Deux fois ? Je vas donner le signal ; il faudra bien que le loup sorte du trou !

Je n’attendis pas le troisième refus du brave berger, incapable de maîtriser plus longtemps ma colère, je déchargeai ma carabine sur la tête du bandit, qui avait eu l’imprudence de se relever à demi sans se douter de l’existence de la meurtrière d’où je le guettais, et sa cervelle, fracassée à bout portant, jaillit sanglante sur le mur de la cabane et jusque sur le canon de mon fusil.

— Mauvaise chance pour lui ! dit Felipone, en qui l’horreur se traduisit par un éclat de rire nerveux.

— Vous l’avez tué ? dit l’impassible Onofrio. C’est un de moins ! Attention aux autres ! et ne nous laissons plus approcher, s’il est possible !

J’étais résolu à ne pas compromettre plus longtemps les deux hommes généreux qui se dévouaient pour moi. Je m’élançai vers la porte.

— Que faites-vous ? s’écria le fermier en me repoussant avec vigueur.

— Je vais me battre tout seul contre ces bandits, et leur vendre ma vie le plus cher que je pourrai. Ils n’en veulent qu’à moi.

— Cela ne sera pas, je ne le veux pas, dirent à la fois le fermier et le berger. Si vous sortez, nous sortirons aussi.

La situation ne permettait pas un long combat de générosité. D’ailleurs, Felipone n’espérait pas être plus épargné que moi par ces bandits.

— Masolino doit être parmi eux, dit-il ; c’est mon ennemi