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— Avec le mien, ça fait trois. Ont-ils des fusils aussi, ces coquins ?

— Ils ont des pierres. C’est Campani.

— Avec ses frondeurs ? Croyez-vous que Masolino en soit ?

Chi lo sà ? répondit Felipone.

— Vos armes sont chargées ? demanda encore Onofrio.

Sicuro ! répondit le fermier.

— Votre camarade n’a pas peur ?

— Pas plus que toi et moi.

— Eh bien, défendons-nous ! Mais il faut voir clair. Attendez !

Il alluma une petite lampe qu’il plaça au milieu des trois dalles de pierre qui lui servaient de cheminée, et nous vîmes l’intérieur du chalet qu’il s’était bâti lui-même à sa guise. Pour sol, un plancher élevé de terre sur des blocs de roche et sablé ; pour lambris, un mur bas, assez solidement crépi à l’intérieur ; pour toit, une couverture de paille très-artistement faite, avec des branches pour charpente et des bambous romains pour volige ; pour lit, une caisse pleine de feuilles de maïs ; pour siége, un tronçon de pin ; pour table, un superbe chapiteau de colonne antique ; pour ornements, une quantité de chapelets, de reliques, mêlés à des fragments d’antiquités païennes de toutes sortes ; pour compagnie, deux chiens maigres, qui, avec une incomparable docilité, s’étaient tus à son premier commandement, et trois moutons malades qu’il avait pris dans sa cabane pour les médicamenter. Le reste du troupeau était dans un second paillis plus vaste, situé à dix pas de là, et gardé, à l’intérieur, par d’autres chiens qui faisaient assaut de hurlements furieux et désespérés.

— La cabane est solide, me dit Onofrio, qui, en me reconnaissant, me sourit autant que son lourd masque