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paillis plus petit que celui où nous nous étions abrités d’abord, et d’où partaient les aboiements hurlés de plusieurs chiens réveillés depuis le commencement de l’assaut que nous subissions.

— Que faire ? dit Felipone ; voilà ce que je craignais ! Les bergers vont prendre l’alarme, nous confondre peut-être avec les brigands et tirer sur nous. Je ne sais pas s’ils sont plusieurs ou un seul en ce moment dans la prairie. Depuis quinze jours je ne sors pas de Mondragone ! Nous voilà tombés dans un mauvais traquenard. Je regrette nos chevaux, à présent.

Les chiens enfermés dans le paillis redoublaient de rage.

— Qui va là ? cria de l’intérieur une voix grave.

Et nous entendîmes claquer la batterie d’un fusil que l’on armait pour nous recevoir.

— C’est vous, Onofrio ? répondit le fermier en approchant sa bouche de la fente de la porte. Je suis Felipone, poursuivi par des bandits. Ouvrez-moi !

— Silence, Lupo ! silence, Télégone ! dit la voix du berger.

La porte s’ouvrit aussitôt et se referma sur nous, au moyen d’une barre transversale. Nous nous trouvâmes dans les ténèbres, dans la chaleur grasse d’une atmosphère chargée des miasmes de la toison des brebis et d’une forte odeur de fromage aigre.

— Vous n’êtes que deux ? nous dit le berger avec calme et douceur. Vous a-t-on vus entrer ?

— À coup sûr ! répondit Felipone.

— Sont-ils beaucoup ?

— Je n’en sais rien.

— Avez-vous des armes ?

— Deux fusils de chasse.