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— Ce ne sont pas des carabiniers que nous avons vus là ; j’en suis sûr.

— Et moi aussi, mais des limiers de police : c’est pire ! Il ne s’agit plus, comme au départ du prince, de passer coûte que coûte, il s’agit de ne pas faire donner l’alarme et de rentrer sans qu’on puisse s’imaginer que nous sommes sortis.

— Eh bien, ne pouvons-nous gagner avec précaution la petite chapelle qui donne entrée au souterrain ?

— C’est justement ce qu’il faut faire.

— Mais nos chevaux nous gêneront maintenant plus qu’ils ne nous serviront ?

— Ils ne nous gêneront plus ; voyez.

En effet, les chevaux avaient disparu. Pendant mon sommeil, qui avait duré une demi-heure, Felipone les avait dépouillés et mis en liberté. Il avait caché dans les paillis les bridons, les couvertures, les étriers et les sangles, objets faciles à venir reprendre en temps opportun. Ma selle, mes fontes et les pistolets avaient été laissés à dessein à la villetta d’Albano. Nous n’avions gardé pour arme que deux petits fusils eu bandoulière, équipement permis à tout habitant d’un pays où la chasse n’est pas gardée. Les chevaux nus venaient d’être livrés à leur instinct ; ils s’en étaient allés, en paissant, au pâturage où ils avaient l’habitude d’être conduits à la pointe du jour ; et, bien que le jour ne parût pas encore, Felipone était certain qu’ils s’y rendraient d’eux-mêmes, malgré ce point de départ inusité.

— Allons, dit-il après avoir écouté encore, en route ! Le temps voudra s’éclaircir aux approches de l’aube, profitons de ce reste de nuit et de brouillard pour traverser la prairie ; nous passerons cette fois derrière les Camaldules ; ce sera plus long, mais plus sûr.

Nous prîmes la prairie en biais ; mais nous n’y avions