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le plan de la maison, ainsi qu’à Brumières, afin qu’il pût venir me voir, disait-il, sans être forcé de rendre chaque fois visite à ces dames ; mais, comme nous traversions l’antichambre, suivis de Buffalo, qui doit rester sous ma protection jusqu’à nouvel ordre, je vis que je n’en avais pas fini avec toute ma suite. Au milieu de cet antichambre, ou plutôt de ce corps de garde, je trouvai messire Benvenuto se livrant à une danse de caractère avec la gentille suivante qui m’avait baisé la main. Ils sautaient, au son d’une guitare magistralement raclée par un gros cuisinier à moustaches noires, une superbe caricature de Caracalla, récemment engagé au service de Leurs Excellences britanniques.

— Ah ! pour le coup, dis-je à mon hôte, voici un acolyte que je désavoue absolument. C’est un bohémien qui s’est attaché à mes pas et que je n’ai aucun motif de vous recommander.

— Qui ? Tartaglia ? répondit lord B*** en souriant, autrement dit Benvenuto, Antoniuccio, et cent autres noms que nous ne saurons jamais ? Soyez tranquille : ce n’est pas vous qu’il a suivi ; c’est l’odeur de la cuisine qui l’a attiré. Nous le connaissons beaucoup. C’est l’ancien loueur d’ânes et l’ancien ménétrier de Frascati, le compatriote et le parent de la Daniella.

En parlant ainsi, milord me montrait la gentille soubrette, qui continuait à danser en riant et en faisant briller ses dents blanches. Un coup de sonnette ne l’arrêta pas, mais l’enleva adroitement, par une dernière pirouette, jusqu’à la porte de sa maîtresse, miss Medora, à qui elle est particulièrement attachée en qualité de coiffeuse.

— Avez-vous besoin de lui ? reprit lord B*** en me montrant Benvenuto-Tartaglia ;

Et, sur ma réponse négative :

— Va te coucher, dit-il au bohémien ; tu reviendras demain