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moellons placés récemment pour soutenir les voûtes qui menaçaient ruine. Cette partie est condamnée absolument. Remontant alors au cloître, je suis venu à bout, avec mon ciseau, de forcer le volet d’une de ces petites fenêtres plus larges que hautes, sortes de soupiraux qui me tourmentaient. J’ai lancé par là, d’abord de petites pierres que j’ai entendues, tomber assez profondément, et puis des morceaux de papier enflammés que j’ai pu suivre de l’œil. Le premier que j’ai risqué a été le seul qui menaçât d’incendier le château. En le regardant descendre lentement et brûler à terre, je me suis assuré qu’il n’y avait là aucun amas de bois et aucun débris combustible ; rien que le sol, semé de pierres et de briques cassées. Les autres papiers enflammés m’ont permis de distinguer parfaitement le local. C’est une cave assez spacieuse, bien voûtée, très-sèche, et qui communiquait à une cave contiguë par une arcade maintenant comblée de débris jusqu’au cintre.

Tout cela me serait bien facile à explorer au moyen d’une corde à nœuds fixée au soupirail, si ce soupirail n’était défendu par des barres de fer très-rapprochées et très-bien scellées dans la pierre. Il faudrait donc arracher cette grille, ce qui ne serait pas impossible avec les outils convenables ; mais le bruit ! Il ne m’est pas bien prouvé qu’il soit absolument étouffé dans cet entonnoir. Au premier ouragan, je profiterai du vacarme général pour risquer ce travail.

N’ayant plus rien à tenter aujourd’hui, je suis revenu sur ma petite terrasse pour vous écrire tout ce qui précède. J’ai, de là, cette magnifique vue dont je vous ai parlé, et, avec la jouissance des yeux, celle de l’ouïe ; car, excepté le berger qui garde ses moutons sur les sommets de Tusculum, je suis l’habitant le plus haut perché de tout ce massif de montagnes. Tous les bruits des collines et des vallées montent