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Pourtant ces formes gracieuses et délicates n’annoncent extérieurement ni l’énergie dont elle est douée, ni le sang-froid dont elle est capable. Il faut toucher son poignet fin et sa jambe déliée pour sentir la force de ces muscles qui ne reculent devant aucun effort de travail. Elle a tant de souplesse dans les mouvements qu’on la croirait frêle ; mais, en réalité, soit volonté, soit race, soit habitude, elle a, pour marcher, pour courir, pour porter des fardeaux, une aisance et une vigueur peu communes chez une femme. Elle dit avoir été si passionnée pour la danse, avant de quitter Frascati, qu’elle dansait six heures de suite sans respirer, et s’en allait, en sortant du bal, se mettre à l’ouvrage au point du jour, sans qu’il lui en coûtât le moindre effort. Aussi se moque-t-elle de moi quand je la plains de ne pouvoir rester près de moi à dormir pendant que le soleil commence à luire. Elle dit que, si elle vivait sans fatigue et sans émotion, elle serait bientôt morte.

Qu’y a-t-il donc en elle de si solide comme force physique, que l’exubérance de la force morale ne l’ait pas déjà usée ? Quand elle est forcée de reprendre le soin de la vie matérielle, c’est une agilité, une gaieté, une présence d’esprit, une netteté de vouloir et une promptitude d’action qui font d’elle une ménagère, une servante et une ouvrière modèles. Qui croirait, à la voir se livrer avec maestria aux occupations les plus vulgaires, qu’elle a ces extases de colombe mystique ?

J’étais heureux de ne pas dormir et de regarder son front pur, inondé de cheveux noirs, et ses longs cils fins projetant des ombres si douces sur ses joues veloutées. Comment ne l’ai-je pas remarquée, cette beauté pénétrante, à nulle autre comparable, le premier jour où elle m’est apparue ? Comment, lorsque je l’ai regardée pour la première fois, l’ai-je trouvée seulement singulière et agréable ? Comment, lorsque, me