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temps en temps pour étudier tous les bruits étranges de ces ruines. Tantôt, c’étaient les cris aigus des oiseaux de proie cherchant un abri, tantôt des rafales de vent engouffrées sous les voûtes ; mais, dans le pianto, c’était un silence de mort, tant cette construction est isolée dans un épais massif d’architecture.

J’eus donc un tressaillement de joie en croyant entendre des pas sur l’escalier supérieur. Ce ne pouvait être que Daniella, dont le pied léger faisait crier le gravier sur tes dalles. Je m’élançai à sa rencontre ; mais, en remontant à la salle du grand arceau (je donne des noms à tous ces lieux dont j’ignore l’histoire), je me trouvai seul dans les ténèbres. J’appelai à voix basse : ma voix se perdit comme dans une tombe. J’avançai en tâtonnant ; je m’arrêtai au moment de passer dans une autre salle ; j’écoutai encore : il me semblait que l’on marchait derrière moi et que l’on descendait l’escalier du Pianto, que je venais de remonter. Quelqu’un s’était croisé avec moi dans l’obscurité ; quelqu’un qui m’avait entendu appeler, sans nul doute, et qui n’avait pas voulu me répondre ; quelqu’un enfin qui marchait furtivement, mais dont le pas, plus accusé que celui d’une femme, ne pouvait plus être attribué à Daniella.

Voilà, du moins, ce que je me persuadai un instant. J’écoutai attentivement. Je me figurai entendre sous mes pieds le grincement d’une porte qui se ferme. Je retournai au Pianto. Tout était morne et sombre, et je n’entendais que l’écho de mes pas ; sous les voûtes du petit cloître. J’avais pris pour des pas humains un de ces bruits de la nuit qui restent souvent à l’état d’énigme, bien que la cause en soit des plus simples et fasse sourire quand, par hasard, on la découvre. J’avais eu peur, la peur d’un avare qui a un trésor à enfouir.

Je trouvai Daniella installée dans le casino, et mettant