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quilles que j’avais très-bien remarquées, la veille, dans les mains de la Daniella, au moment où, avec son sourire mystérieux, elle avait accompli cette dévotion devant moi. Je respectai les violettes et les anémones des autres jeunes filles, mais j’enlevai avec soin, jusqu’à la dernière, les jonquilles flétries de mon amoureuse, et je les mis dans ma poche. Ce larcin perpétré, je descendais de la borne sur laquelle j’étais grimpé pour atteindre le grillage, lorsqu’une voix d’homme fit entendre l’exclamation suivante :

Cristo ! quel est le brigand qui profane la sainte image de la Vierge ?

Dans ce pays d’espionnage et de délation, mon espièglerie sentimentale pouvait être incriminée et m’attirer quelque désagrément. J’eus la présence d’esprit de ne pas me retourner et de souffler rapidement la petite lampe. Enhardi par ma prudence, l’inconnu m’accabla d’un déluge d’injures pieuses : j’étais un chien, un fils de chien, un Turc, un juif, un Lucifer ; je méritais d’être pendu, écartelé, et mille autres douceurs. J’avais bonne envie de régaler le dos du saint homme, quel qu’il fût, d’une série de répliques muettes proportionnées à l’éloquence de son indignation ; mais la raison me conseillait de profiter des ténèbres pour m’esquiver sans l’attirer sur mes traces.

C’est le parti que j’allais prendre, lorsque je me sentis saisir le bras par une main incertaine, qui m’avait cherché à tâtons contre le mur. Je n’hésitai plus alors à me débarrasser du curieux par un mirifique coup de poing, accompagné d’un plantureux coup de pied qui l’atteignit n’importe où. Je l’entendis trébucher contre la borne, glisser et tomber n’importe dans quoi ; ce qui me permit de jouer des jambes et de rentrer chez moi sans m’être trahi par une seule parole. Comme le quidam m’avait paru passablement ivre, je ne pensai pas qu’après avoir fait un somme dans la