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comme une plainte, ou plutôt comme un soupir harmonieux et plaintif de la voix humaine. Comme tout était désert autour de moi, j’eus quelque peine à découvrir la cause de ce bruit intermittent, toujours répète et toujours le même. Enfin, je m’assurai qu’il sortait de la galerie souterraine, où le bruit de mes pas m’avait empêché de, l’entendre quand j’y avais pénétré. J’y retournai. Ce n’était que le murmure d’une goutte d’eau filtrant de la voûte et tombant dans une petite flaque perdue dans les ténèbres. L’écho, du souterrain, lui donnait cette rare sonorité, qui ressemblait au gémissement d’une divinité captive et mourante, ou plutôt à l’âme de quelque vierge martyre s’exhalant sous l’horrible étreinte des bêtes du cirque.

En quittant cet amphithéâtre, je suivis, dans le désert, un chemin jonché de mosaïques des marbres les plus précieux, de verroteries, de tessons de vases étrusques et de gravats de plâtre encore revêtus des tons de la fresque antique. Je ramassai un assez beau fragment de terre cuite, représentant le combat d’un lion et d’un dragon. Je dédaignai de remplir mes poches d’autres débris ; il y en avait trop pour me tenter. La colline n’est qu’un amas de ces débris, et la pluie qui lave les chemins en met chaque jour à nu de nouvelles couches. Ce sol, quoique souvent fouillé en divers endroits, doit cacher encore des richesses.

Le plateau supérieur est une vaste bruyère. C’était jadis, probablement, le beau quartier de la ville, car ce steppe est semé de dalles on de moellons de marbre blanc. Le chemin était, sans doute, la belle rue patricienne. Des fondations de maisons des deux côtés attestent qu’elle était étroite, comme toutes celles des villes antiques. Au bout de cette plaine, le chemin aboutit au théâtre. Il est petit, mais d’une jolie coupe romaine. L’orchestre, les degrés de l’hémicycle sont entiers, ainsi que la base des constructions de la scène