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des blasphème, de sa misanthropie. Tant il y a que le Tartaglia me fatiguait, et qu’après avoir bien payé, malgré lui, je dois le dire, ses bons services, je suis charmé d’être délivré de son babil, de sa protection et de ses suggestions matrimoniales.

Voici enfin un peu d’éclaircie dans le temps, et j’en vais profiter pour visiter les jardins Piccolomini et faire le tour de mes domaines.




XVII


3 avril, à Frascati.

Depuis deux jours, bien que le soleil ne se montre pas plus qu’à Londres, je me goberge de la douceur du temps. Les soirées sont froides dans l’intérieur de Piccolomini ; ma cheminée se garderait bien de ne pas fumer ; et d’ailleurs, le bois manque ; mais quelqu’un qui me choie m’a apporté un brasero[1], et cela me permet de me réchauffer les doigts pour vous écrire. Le reste du temps, je suis dehors jusqu’à l’heure de dormir, et je m’en trouve fort bien.

Ce quelqu’un vous intrigue un peu, j’espère ? Patience ! je vous raconterai. Il faut que je vous dise d’abord que je suis au beau milieu d’un paradis terrestre, moyennant quelque chose comme trois francs par jour, toutes dépenses comprises, ce qui me permettra de passer ici plusieurs mois sans me préoccuper de ma pauvreté.

J’ignore ce que deviendra le climat. On m’annonce des chaleurs qui me feront revenir de mes doutes sur le beau ciel

  1. Brasero et le mot espagnol, apparemment familier à Jean Valreg.