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garde d’ailleurs à ce qui va arriver. Dès que la Medora vous saura malade, elle viendra avec sa famille, car ils font tous sa volonté, et elle est folle de vous…

— En voilà assez, répondis-je avec colère. Vous me portez sur les nerfs avec vos sottises. Il faut que tout cela finisse !

Et, prenant mon parti, je montai dans la voiture et donnai au cocher l’ordre de me conduire à Rome chez Brumières.

Je croyais être délivré du Tartaglia, qui, me voyant irrité et un peu en délire, avait fait mine de rester à Tivoli ; mais, à mi-chemin, m’éveillant d’un nouvel assoupissement fébrile, je vis qu’il était sur le siège avec le cocher. Je renouvelai à celui-ci l’injonction de me conduire chez Brumières. Mon intention était d’écrire, de chez lui, une lettre d’adieux à la Famille B***, de faire prendre mes effets par Tartaglia et de quitter Rome a l’instant même. Le cocher fit un signe d’assentiment respectueux, et je me rendormis, vaincu par une torpeur insurmontable.

Quand je m’éveillai, j’étais si accablé, que je ne compris pas où j’étais, et qu’il fallut les empressements de l’excellent lord B*** autour de moi pour m’éclairer sur la trahison de Tartaglia et du cocher. J’étais au palais *** ; je montais l’escalier du ma chambre, soutenu par l’Anglais et la Daniella. Vous savez le reste ; je dois ajouter que je me suis si bien arrangé pour ne pas sortir de ma chambre jusqu’au moment du départ, que je n’ai pas revu Medora. J’espère donc que son caprice est passé ; j’espère même qu’il n’y a pas eu caprice, et, quand j’y songe, je reconnais que j’ai servi de titre à un roman dont elle avait fait le plan avant de me connaître. Elle a vingt-cinq ans, elle est froide, elle a refusé beaucoup de bons partis, a ce que l’on assure. Puis l’ennui est venu, les sens peut-être ; elle a résolu, dit-elle,