Page:Sand - La Daniella 1.djvu/124

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’une pareille imbécillité ! donc, le seul homme qui ne puisse vous inquiéter et vous offenser en aucune façon.

Il faut vous dire que j’avais senti, au toucher, en effleurant la grosse tresse de son chignon, la différence des cheveux morts avec les vivants, et cela me donna l’aplomb d’ajouter :

— Croyez-vous qu’une femme qui n’aurait pas, comme vous, cette profusion de cheveux, pourrait imiter votre coiffure ?

— Je n’en sais rien, répondit-elle brusquement en me lançant un regard d’aversion où je crus lire clairement ces paroles : « Vous savez que ma grosse tresse n’est pas à moi, parce que la Daniella vous l’a dit, ou qu’elle m’a coiffée de manière à rendre l’artifice visible.»

Elle sortit au bout d’un instant, et, quand elle revint, je vis que l’on avait retouché à la coiffure. Je me repentis de mon impertinence : ceci avait dû causer de nouvelles larmes à la pauvre Frascatine.

. . . . . . . . . . . . . . .

Je vois que je suis une pomme de discorde et que je dois cesser absolument de taquiner l’une ou l’autre. J’espère être quitte envers Brumières et m’être consciencieusement assuré l’antipathie de Medora. Les impertinences de la soubrette m’ont bien aidé à obtenir ce résultat ; mais les choses ne doivent pas aller plus loin, si je ne veux pas que Forage retombe sur la pauvre fille.

Savez-vous que je m’attache réellement à la personne la moins aimable de la maison ? Je ne parle pas de ce pauvre Buffalo, qui a réellement beaucoup d’esprit et de savoir-vivre, mais au véritable chien galeux de la famille, à lord B***, le prosaïque, le petit esprit, le vulgaire, l’ignorant, l’homme nul, sans cœur et sans intelligence ? Car telle est l’opinion bien arrêtée désormais de lady Harriet sur te compte de l’homme qu’elle a aimé jusqu’à la consomption,