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donner toute aventure agréable. Et, sur ce, je m’en vas trouver il signor Tartaglia ; car il m’a semblé que le drôle avait pour vous une préférence inquiétante, et je veux que, par l’intermédiaire de la Daniella, il me fasse mousser auprès de la céleste Medora. À propos, ajouta-t-il en s’en allant, permettez-moi, au premier dîner que j’accepterai ici, de glisser dans l’oreille de la princesse que vous êtes épris… en tout bien tout honneur (je sais comment il faut parler à une Anglaise !) de sa piquante camériste.

— Dites que c’est une idée de peintre !

— Oui, c’est ça ! une tocade ! Ce sera bien assez pour vous faire mépriser profondément. À demain ! Je viendrai vous chercher pour vous montrer un peu les principales masses de la ville. Mais je vous avertis qu’il vous faudra bien un an pour voir tous les détails ! Adieu !

À présent, j’entends la voix de lord B***, qui vient me chercher. Il m’a dit qu’il se chargeait d’envoyer mes lettres en France par l’ambassade anglaise, sans qu’elles eussent à passer par les mains de la police papale, qui ne les laisserait point passer du tout.




X


Rome, 24 mars 185…

Je crois que je ne resterai pas ici ; j’y suis abattu, faible ; une tristesse de mort me pénètre par tous les pores. Est-ce de Rome, est-ce de moi que cela vient ? Ces entretiens de chaque jour avec vous m’arrachaient à des réflexions trop personnelles et me faisaient vivre en dehors de mon spleen.