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présence, il ne peut se passer de ton bonheur ; tu m’as dit souvent qu’il était inaltérable » et je l’ai cru. Alors, ne pouvant te servir et te consoler, j’ai vécu pour ma famille et pour moi ; mais si tu m’as trompé, si tu es capable de souffrir, de subir quelque injustice, d’éprouver l’ennui de la solitude, de former un souhait irréalisable, me voilà pour souffrir et pleurer avec toi.

XLIII

« Je sais que je ne peux rien autre chose. Je ne suis pas assez savant pour dissiper ton ennui ni assez puissant pour te préserver de l’injustice, et si ton désir immense veut soumettre et posséder l’univers, je ne puis, moi, atome, te le donner ; mais si c’est un cœur filial que tu veux, voilà le mien que je t’apporte. S’il n’apprécie pas bien la grandeur de ta destinée, il adore du moins cette bonté qui réside en toi comme la lumière palpite dans les étoiles. J’ai bien senti que tu ignorais la tendresse, mais j’ai vu que tu ignorais aussi ce qui souille les hommes, la tyrannie et le châtiment.