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LE VOYAGEUR.

Laissez-moi ! laissez-moi, mes souvenirs m’oppressent et m’accablent ; voici ma mémoire qui s’éveille, écoutez. Moi… moi… J’y suis…

(Il chante.) Moi qui suis un amant infortuné, je pleure et je chante nuit et jour dans les montagnes ; je rentre quelquefois la nuit dans la ville maudite, pour aller m’asseoir sous la jalousie de mon infidèle, mais quand mon rival vient à passer, je plonge mon stylet dans son sang noir, car c’est de l’encre qui coule dans les veines d’un pédant. Ô monstre ! meurs, toi d’abord, rebut de la nature, et toi aussi, fourbe maîtresse, tu ne tromperas plus personne… Mais je m’égare, j’ai perdu la mesure… toujours le second couplet se mêle au premier et dans mon impatience… Attendez, attendez, voici !… (Il chante). Mais la sainte Hermandad vient de ce côté ; rentre dans ta gaine, poignard teint d’un sang noir, voici les alguazils, aye, aye, mon poignard noir, aye, aye adieu ! adieu… la trompeuse fille.